Maghreb connection
Une histoire méconnue de la grande délinquance en France.
Ils figurent peu voire pas du tout dans les histoires du grand banditisme ou du Milieu, qui leur préfèrent les Corses, les Marseillais, les Lyonnais, les Italo-Grenoblois… Ils, ce sont les Maghrébins, qui ont pourtant marqué durablement la grande délinquance en France. Ils ont chassé les Corses de Paris, puis aujourd’hui de Marseille. Ils ont pris en main le trafic de stupéfiants, le proxénétisme, les jeux clandestins…
Du Barbès de la fin des années 1950 au Pigalle de la décennie suivante, ces nouveaux et redoutables gangsters se sont implantés petit à petit : prostitution d’abord, avec des hôtels de passes ou plutôt des maisons d’abattage pour une clientèle d’ouvriers esseulés, jusqu’à devenir maîtres des trottoirs. Puis il y a eu le trafic de drogue, et notamment d’héroïne, cette came qui a décimé toute une génération. Et les braquages, bien sûr : des voyous arabes ont cofondé le Gang des Postiches, dans le quartier de Belleville, les rois des hold-up avec leurs razzias sur les coffres de particuliers dans les années 1980. Ils ne sont pas les seuls… Ceux qu’on n’appelait pas encore les « Beurs » se sont illustrés sur les coups les plus audacieux de ces quarante dernières années.
L’époque voit éclore une figure majeure du banditisme français, Mohamed Amimer, dit « le Grand Momo », qui dévoile dans ces pages comment il a conquis le milieu parisien et monté les plus importants braquages de l’époque. On croise aussi les « saucissonneurs », 100 % kabyles, qui s’attaquent à la fin des années 1990 aux riches familles en épluchant le Who’s Who afin de les surprendre chez elles et les ligoter pour les délester de leurs bijoux et liquidités. Sont également racontése l’ascension de l’intrigant Ahmed « Alexandre » Djouhri, de Sarcelles, mêlé à des règlements de comptes avant de devenir un « facilitateur » et intermédiaire prisé des politiques de premier plan, et la trajectoire de Boualem Tata, dit « Boubou », garde du corps de Jamel Debbouze, assassiné alors qu’il devenait, à trente ans à peine, un caïd du milieu parisien. Entre beaucoup d’autres.
Cet ouvrage s’appuie sur nombre de procès-verbaux, dossiers judiciaires, synthèses policières, et sur les témoignages exclusifs de rescapés de cette période, truands, indics, avocats, policiers. La plupart parlent pour la première fois. Une histoire méconnue, une saga qui s’étale sur près de cinquante ans.
Brendan Kemmet
Brendan Kemmet, reporter au Parisien puis grand reporter à France-Soir, travaille désormais pour Mediapart, Paris Match, Le Parisien Week-End et pour la télévision.Grand reporter au Parisien puis au Point.
Stéphane Sellami
Stéphane Sellami est responsable de la cellule Enquête au sein du journal L’Équipe.