Depuis plus de trente ans, le culte autour de Joy Division ne faiblit pas. Au-delà des raisons évidentes de ce succès ? l’effervescence de la scène post-punk de Manchester à la fin des années 1970, deux albums séminaux et une quarantaine de chansons pleines de colère et d’angoisse, la carrière éphémère (de 1977 à 1980) mais mythique d’un groupe dont le chanteur se suicide à l’âge de 23 ans ?, il y a la personnalité singulière et le talent d’écrivain d’un jeune homme : Ian Curtis. Avec sa voix étranglée, sa plume noire et ses mouvements de danse saccadés, il a tous les attributs d’un esprit torturé, énigmatique, devenu emblématique de son époque : les années 1980 naissantes.

Les thèmes récurrents des textes de Curtis sont la Seconde Guerre mondiale, la religion, la recherche d’une place dans une société tourmentée, le sentiment d’être déchiré entre l’impuissance et la toute-puissance. Ses idoles sont des personnages extrêmes et charismatiques tels Lou Reed, Iggy Pop, David Bowie ou Jim Morrison ; ses auteurs favoris sont Kafka, Burroughs et Ballard. Ian Curtis est dépressif, épileptique et sujet à un trac maladif. Le succès grandissant de Joy Division, ses problèmes personnels et existentiels seront sans doute à l’origine de son suicide, la veille d’une première tournée américaine du groupe qui aurait pu lui amener une reconnaissance mondiale.
Joy Division, paroles et carnets de notes est un livre unique, rassemblant les écrits personnels de Ian Curtis. Édité par Deborah Curtis, sa veuve, et Jon Savage, célèbre journaliste musical britannique, composé de trois parties ? manuscrits des paroles des chansons, carnets de notes intimes et affaires personnelles (couvertures de livres, reproductions des vinyles du groupe, lettres de fans, interviews, fanzines, etc.) ?, il met en lumière le processus créatif de l’artiste et permet d’entrer dans ses pensées. À travers les multiples versions de ses chansons, les listes de mots, d’idées et d’images choisis puis barrés, Ian Curtis cherche son style et progresse…