Les journalistes se slashent pour mourir

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ISBN: 9782221137055


Les journalistes se slashent pour mourir

À l’heure de la révolution numérique, le journalisme vit des bouleversements profonds. À l’aide d’un Power Point, un consultant en écriture web peut enseigner les nouvelles règles marketing d’un métier désormais régi par le dieu Google, ce moteur de recherche aux pouvoirs mystérieux et surpuissants capable, grâce à son armée de robots et ses mots-clés, d’anticiper comme par magie, en temps réel et de façon personnalisée, les moindres désirs du lecteur. Faire simple, faire court et, de préférence, « faire anglais » via les hashtags et les tweets, dans un langage friendly, tel est le credo du nouveau journaliste, reconverti en rédacteur de contenus pour le web, pourvoyeur d’informations standardisées à même de générer le plus d’audience possible.
Le journalisme héroïque pratiqué par Joseph Kessel et Albert Londres aurait donc vécu. Il y a pourtant tout lieu de s’interroger sur l’identité véritable de ces « citoyens au-dessus de tout soupçon, missionnaires intouchables de la vérité et du fait » dont parle, non sans ironie, Alain Finkielkraut. Au XIXe siècle, Balzac qualifiait, pour sa part, le journaliste de « rienologue, dieu de la Bourgeoisie actuelle ; à sa hauteur, propre, net, sans accidents ». Un siècle auparavant déjà, Diderot nommait « pâture des ignorants » les journaux hebdomadaires. Quant à La Bruyère, cent ans plus tôt encore, il situait le métier de journaliste « immédiatement au-dessous de rien »…
Dans cet essai incisif et stimulant, Lauren Malka vient fort à propos nous rappeler ce dilemme vieux comme le journalisme ? activité intellectuelle qui a toujours prétendu rester vierge de toute compromission commerciale tout en entendant démocratiser l’information citoyenne et faire en sorte qu’un journal soit lu par le plus grand nombre de personnes possible. Enfant du web et de Kessel, Lauren Malka déconstruit patiemment les mythologies qui s’attachent à une vision en grande partie idéalisée du journalisme. Si la résurgence de peurs archaïques se cristallise aujourd’hui autour de l’automatisation de la profession, il est également permis de penser que les algorithmes de Google ne font, en réalité, que figer des mécanismes à l’oeuvre depuis les origines du métier. Entre permanences et mutations, le journalisme, menacé dans son existence même, n’a sans doute pas pour autant fini de se réinventer.

AUTEUR

Lauren Malka

Âgée de trente-deux ans, Lauren Malka est diplômée du CELSA (École des hautes études en sciences de l'information et de la communication, département de l'université Paris IV-Sorbonne). Elle collabore notamment au Magazine littéraire et au Figaro Magazine, ainsi qu'à l'émission « Au fil de la nuit ».

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