Résistez
La figure du résistant est aujourd’hui entrée dans la légende et fascine plus que jamais. C’est un héros contemporain, aux valeurs positives, qui défend à l’échelle individuelle les libertés collectives. Au prix de sa propre vie, parfois. Les poètes français, célèbres ou anonymes, ont pris part à la lutte contre l’occupant de 1940 à 1945 et leurs textes sont un témoignage vibrant de ce que signifie prendre le maquis, écrire sous un nom d’emprunt, participer à un réseau clandestin, publier des tracts, se livrer à des opérations de sabotage, subir un interrogatoire ou vivre l’enfer de la déportation. On pense au texte mythique de Louis Aragon, « Ballade de celui qui chanta dans les supplices », aux Feuillets d’Hypnos de René Char qui ancre, sous forme de journal, l’espérance dans l’action ou, de Robert Desnos, « Ce coeur qui haïssait la guerre […] et qui crie Révolte contre Hitler et mort à ses partisans ! ». Mais il ne faut pas oublier ceux qui furent fauchés en pleine jeunesse, comme Roger Bernard ou Marianne Cohn, qui ont chacun laissé des textes empreints de fougue et de ferveur. Avec ses mots d’ordre et de ralliement, ses destins grandioses ou brisés, la poésie engagée de la Résistance se veut directe et poignante, humaniste et épique.
Cette mémoire, encore brûlante, doit être transmise. Or, il est urgent de la présenter aux enfants du XXIe siècle sous un angle nouveau, plus proche d’eux et de leurs préoccupations immédiates. Tout comme le résistant Stéphane Hessel l’avait fait dans son bréviaire Indignez-vous, Danièle Henky a souhaité développer des parallèles entre les combats d’hier et ceux d’aujourd’hui. À partir de la figure du résistant et en explorant les nouvelles formes que peut prendre l’héroïsme, elle envisage en postface de l’anthologie, dans un texte de fiction, la nécessité pour chacun de s’investir personnellement dans l’avenir commun et pour le progrès humain.
Daniele Henky
Maître de conférences à l'université de Strasbourg, Danièle Henky est chercheur associée à l'université de Laval (Québec) pour la recherche innovante en littérature de jeunesse francophone. Elle est également membre de l'Agence universitaire de la francophonie pour la littérature d'enfance. Elle a notamment travaillé sur les « jeux et enjeux du travail de mémoire en littérature pour la jeunesse » (littérature de jeunesse et guerres, les référents du passé et les héros contemporains) et l'« écriture de la trace et la récriture des mythes fondateurs en littérature jeunesse ».