Salah Stétié est aujourd’hui l’une des figures majeures de la poésie francophone. Né à Beyrouth en 1929, ce poète fut doublement ancré, dès son enfance, dans la culture arabo-musulmane et la langue française. Aujourd’hui installé en France, il fut longtemps ambassadeur du Liban aux Pays-Bas et secrétaire du ministre des Affaires étrangères à Beyrouth, en pleine guerre civile. À l’heure où l’on annonce, à grands cris, un nouveau choc des civilisations, il est bon de rappeler qu’un écrivain comme Salah Stétié est à la fois un observateur attentif «de la tectonique des peuples» et un «passeur d’entre les rives». Son oeuvre poétique est comme une porte ouverte sur cet Orient qui est devenu notre voisin immédiat. Dans cet ouvrage, Marc-Henri Arfeux interroge, en philosophe, la profondeur d’une oeuvre qui transcende l’éphémère et la sensualité pour atteindre ce qu’il y a d’universel en l’homme. Sans jamais céder aux facilités de la démarche biographique, il démontre que Salah Stétié refuse l’anecdotique et la quotidienneté insignifiante pour tendre au fondamental. Cette profondeur n’empêche pas les textes de l’anthologie de dire, avec force et frémissement, le mystère de notre présence au monde:L’étrangeté de l’air, la beauté de la nuitDorment ensemble dans le lit de leurs feuilles.