Deux ou trois choses que je sais de nous
» Notre pays a encore une chance de recoller à la marche du monde et de retrouver son rang. La France a rendez-vous avec les autres, tous les autres, de l’Est à l’Ouest : il n’est pas trop tard pour faire de ce rendez-vous un moment de reconquête. Mais cela ne pourra se faire qu’à deux conditions.
Il nous faudra d’abord accepter la nécessaire remise en cause que nous fuyons depuis tant d’années. Tracer ensemble un projet collectif dans lequel chacun se reconnaisse et par lequel chacun retrouve l’espoir. Ne pas se contenter de défendre ses anciennes conquêtes mais en préparer d’autres, ne pas se crisper sur ses avantages devenus caducs mais adapter ses exigences aux transformations de la planète, ne pas refuser la mondialisation mais s’en servir, la tordre vers des progrès nouveaux.
Il nous faudra ensuite accepter de passer quelques années difficiles, mais nécessaires, comme l’ont fait tous nos partenaires.
Comment concevoir pareil effort sans accomplir au préalable un travail de clarification ? C’est pourquoi je voudrais exposer quelques convictions et quelques espoirs ramenés de quarante ans à parcourir la planète, comme médecin humanitaire, comme ministre ou comme dirigeant d’un pays en guerre.
Notre monde a changé et nous ne l’avons pas vu. Ouvrons les yeux, osons nous adapter. «
Bernard Kouchner
À l'origine de Médecins sans Frontière, puis de Médecins du Monde, Bernard Kouchner a occupé le ministère de la Santé à trois reprises, entre 1992 et 2002.