L’art de vivre au temps de Julie, fille d’Auguste
Épouse et mère de famille nombreuse, Julie aurait pu se contenter d’être comme son père, Auguste, le désirait : une matrone exemplaire, réputée pour sa chasteté et son sens du devoir. Or sa vie de princesse défraie la chronique de son temps : elle aime toutes les distractions que la Rome impériale sait offrir à ses riches habitants. Malgré la réprobation paternelle, elle ne cache pas ses amants et revendique le droit de mener comme elle le veut sa vie privée. Julie est belle et sait rehausser ses charmes naturels de tous les artifices de la mode. Par ses tenues excentriques, par la hardiesse de ses coiffures et de ses maquillages, elle est le point de mire de la cour impériale et des rues de Rome où elle aime se promener avec ses amis.
En représentation permanente, elle participe à toutes les cérémonies publiques, elle prend place dans la tribune officielle pour assister aux pièces de théâtre, aux courses de chars, aux combats de gladiateurs ; ces grandes manifestations où le peuple romain communie dans la passion des spectacles violents. La belle princesse ne se contente pas de rester à Rome ou dans ses environs, elle voyage sur les routes de l’Empire, ne craint pas les longues traversées maritimes en compagnie de son mari Agrippa.
Célèbre pour son esprit de repartie et sa culture, elle fréquente les salons mondains dans lesquels elle côtoie écrivains et artistes talentueux, musiciens, poètes, chanteurs, qui ont fait le renom du siècle d’Auguste. Et quand vient le soir, Julie s’abandonne aux joies des banquets où tous les sens sont sollicités. Au début de l’Empire, alors que la civilisation romaine est parvenue à un degré inégalé de confort et de luxe, Rome offre à Julie, qui s’est dégagée de ses obligations de mère et d’épouse, mille et une occasions d’épanouir sa personnalité.
Mais Julie est trop émancipée aux yeux d’Auguste, dont le gouvernement est fondé sur la restauration des grandes vertus du passé. Brutalement, l’exil auquel la condamne son père met fin aux plaisirs de Julie. Reléguée dans une résidence éloignée, sous garde militaire, Julie passe plus de quinze ans dans la solitude et le désespoir. La princesse tant aimée du peuple romain au temps de sa gloire meurt, oubliée de tous, dans la misère de sa prison.