Monsieur le commandant
« C’est le dernier recours des hommes blancs traqués, volés, dépouillés, assassinés par les Sémites, et qui retrouvent aujourd’hui la force de se dégager de l’abominable étreinte. Mort ! Mort au Juif ! Oui. Répétons. Répétons-le. Mort ! M.O.R.T. AU JUIF ! Là !? Et, avec une satisfaction amère, pensant à la Juive que j’aimais d’un amour fou et que je voulais sauver plus que moi-même, je signai de même que je signerai tout à l’heure cette lettre à vous destinée, Monsieur le Commandant, je signai, à grands traits rageurs de mon stylo : Paul-Jean Husson. »
Romain Slocombe
Écrivain, photographe, cinéaste, peintre, illustrateur et traducteur, Romain Slocombe réconcilie depuis plus de trente-cinq ans le roman noir, l’avant-garde artistique et l’univers underground de la contre-culture américaine ou japonaise. Armé de son humour british, il aborde des sujets graves au fil d’intrigues minutieusement documentées. En 2011, son art romanesque est unanimement encensé et Monsieur le Commandant (« Les Affranchis », NiL) rencontre un grand succès critique et populaire : dans une impitoyable exploration de la noirceur de l’âme humaine, ce roman épistolaire fait revivre le Paris littéraire de l’Occupation sous la plume d’un vieil écrivain pétainiste, un antisémite tombé follement amoureux de sa belle-fille juive. Auteur de polars accompli (Mortelle résidence, Première station avant l’abattoir) et spécialiste incontesté de l’imagerie japonaise, Romain Slocombe occupe une place singulière dans le panorama littéraire français, loin du conformisme, dans une parfaite indépendance.