Mort en Basilicate
Substitut du procureur partagée entre une fille adolescente qui la rejette, une mère en plein Alzheimer et un mari aimant (certes) mais un peu falot, Imma Tataranni a des semaines interminables. Pourtant, sous le titre de dottoressa, elle inspire une autorité sans faille au parquet de Matera. Affublée de son caporal-chef, le loyal Calogiuri – lequel n’est pas sans lui inspirer quelques fantasmes –, elle mène une croisade quotidienne contre le non-droit, depuis les congés-maladie frauduleux de la Moliterni, femme du préfet, jusqu’aux réseaux mafieux les plus actifs, les plus vindicatifs aussi. Ce matin-là, lorsque son téléphone sonne, c’est un cadavre qui a été retrouvé sur un sentier agricole. Victime : Nunzio Festa, 22 ans, poignardé le jour de son anniversaire. Dans cette province de la Basilicate où elle a grandi, Imma le sait, la violence est partout : dans le silence grave de ceux qui se ruinent à cultiver la terre, dans les rêves anéantis des anciens hippies, dans une jeunesse qui veut goûter aux promesses de l’argent facile, dans les calculs politiciens crapuleux, l’affairisme ravageur, dans l’individualisme triomphant enfin, qui a privé la population de ce qui lui était le plus précieux, la fierté de l’entraide. Rapidement, plusieurs pistes s’offrent à Imma : Nunzio aurait pu être occis par Carmine, le frère de sa petite amie qui a la castagne facile, ou bien exécuté par les receleurs avec lesquels il organisait un trafic de tablettes votives, trésors archéologiques dérobés au glorieux passé de la région. À moins qu’il n’ait été témoin de l’enfouissement clandestin de déchets toxiques dans le champ de son père – ce qui expliquerait comment celui-ci a pu rembourser de lourdes dettes au lendemain de sa disparition… L’enquête qui conduira Imma de découverte en découverte compose, à petites touches, un tableau en clair-obscur de la comédie humaine qui se joue dans la Basilicate actuelle, tiraillée entre archaïsme et modernité.
Mariolina Venezia
Née à Matera en 1961, Mariolina Venezia vit à Rome. Elle a publié en France trois livres de poésie. Elle collabore à diverses revues littéraires et travaille comme scénariste pour le cinéma et la télévision. Mariolina Venezia est lauréate de l'édition 2007 du prestigieux prix Campiello.