Pendant des années, au motif de lutter contre le trafic de stupéfiants, la police française a contribué à l’importation de dizaines de tonnes de drogue en France avec la complicité des plus hautes autorités de l’État.

« En mai 2016, j’ai fait la rencontre d’Hubert Avoine. Ancien informateur de l’Office des stups pendant six ans, il affirmait alors avoir participé à de multiples opérations illégales, dont l’importation de plusieurs tonnes de cannabis dans le sud de l’Espagne avec des policiers français. Son témoignage a entraîné l’ouverture d’une enquête judiciaire et donné lieu à un récit autobiographique (L’Infiltré, publié en mars 2017).

Depuis, Hubert Avoine est mort d’un cancer foudroyant, mais l’affaire née de ses révélations est loin d’être terminée. Plusieurs policiers, dont l’ancien patron de l’Office des stups, ont déjà été mis examen pour association de malfaiteurs et complicité de trafic de stupéfiants. Leurs missions s’inscrivaient dans le cadre d’une stratégie secrète, baptisée Myrmidon, qui a permis à l’Office des stups de réaliser pendant des années ses plus belles saisies.

Malgré la disparition brutale d’Hubert, j’ai continué à enquêter sur cette affaire entre la France et l’Espagne et rencontré d’autres témoins-clefs, policiers, trafiquants, douaniers ou magistrats qui ne s’étaient encore jamais exprimé jusqu’ici. J’ai eu accès à des documents inédits, rapports de police confidentiels, notes de renseignement, procès-verbaux d’auditions…Autant d’éléments qui dessinent un scandale policier d’une ampleur inédite, dont les ramifications remontent au plus haut niveau politique. Un véritable trafic d’État. » E. F.